La pandémie de Covid-19 continue d’affecter l’ensemble de l’économie mondiale.
La crise sanitaire due au Coronavirus, et les effets des différents confinements, à provoqué par effet mécanique une crise économique dont les effets réels en Corse sont loin d’être encore totalement connus.
En effet, les répercussions possibles du ralentissement global de l’activité se feront ressentir pendant de longs mois à venir, surtout si l’activité touristique, prépondérante sur l’île, ne retrouve pas un rythme de croisière salvateur.
Pourtant, il est déjà possible de tirer quelques enseignements, en fonction des secteurs d’activités sur l’île de beauté et analyser les sources d’espoir pour l’avenir.
Voici un premier bilan en Corse, près d’un an après le début de la crise.
La Corse résiste mieux que les autres régions ?
C’est en tout cas ce qu’a déclaré l’Insee lors d’une publication montrant que l’impact lié à la crise du Coronavirus était moins fort sur l’île (lire ici).
Pour mesurer cela, l’Institut national de la statistique et des études économiques s’est basé sur des valeurs telles que le nombre d’emplois créés comparés aux emplois détruits, mais aussi sur les chiffres des tribunaux de commerce. Mais depuis cette première publication, un deuxième confinement à été mis en place, des mesures jugulant les entrées sur le territoire sont apparues et l’ensemble des bars restaurants de l’île n’a toujours pas rouvert, plongeant cette fois la Corse dans une crise économique palpable avec hausse importante du chômage, dépôts de bilans et mesures de protection.
La Corse face au confinement et couvre feu.
En mars 2020, lors de l’annonce du premier confinement, l’effet fut immédiat. Quasiment toute l’économie de l’île s’est arrêtée, sidérée par la situation et contrainte par les règles mises en place.
À cette période de l’année, c’est essentiellement l’activité touristique qui semblait devoir faire face aux plus grands dégâts, d’autant que rien ne pouvait garantir le bon déroulement d’une saison touristique, même à minima, pendant l’été 2020.
Cette saison s’est tout de même réalisée, et la catastrophe tant redoutée ne fut pas au rendez-vous.
Même si le secteur touristique dans son ensemble ne peut se satisfaire des résultats économiques de l’été 2020, la majorité des acteurs reconnaît que l’on pouvait craindre bien pire à la lecture des réservations en mai ou juin.
Malheureusement, l’automne fut bien moins positif, avec de nouvelles contraintes mises en place par le gouvernement en octobre pour tenter d’endiguer la poussée épidémique nationale. Sur cette période automnale, la population corse a sans doute moins compris les mesures puisque la circulation du virus n’était pas aussi agressive sur l’île que sur le continent.
Pour autant, bar, restaurants, café, salles de spectacle,pro du tourisme événementiel et organisateurs de manifestations culturelles mais aussi toutes les entreprises de services et fournisseurs indirects connaissent actuellement des situations économiques catastrophiques, après une année extrêmement chaotique.
Les entreprises de l’hôtellerie restauration au bord du gouffre
Même si l’on peut s’affronter sur la part que le tourisme représente sur le PIB de l’île, que cela soit 31 % ou 60 % avec les effets induits, il est impossible de nier que l’économie de la Corse repose sur le succès ou non de la saison touristique.
Si les hôtels, résidences et prestataires de loisirs ont pu exercer “normalement” ou presque pendant l’été, ce sont les établissements de restauration et les professionnels de l’accueil du 3eme âge qui sont aujourd’hui totalement exsangue de trésorerie.
Malgré les aides de l’État, nombre d’opérateurs privés craignent cette saison 2021 qui pourrait sonner le glas de leur établissement si les visiteurs ne peuvent venir et consommer en Corse cette année.
L’éclaircie touristique fut courte mais elle a bénéficié aux prestataires de tourisme outdoor. En réaction aux périodes de privation de sortie, et face à l’obligation de rester en France, de nombreux visiteurs ont choisi la Corse pour faire du tourisme sportif et nature, en bord de mer comme à l’intérieur de l’île.
Le bâtiment et l’immobilier
Avant le déclenchement de la crise sanitaire, le marché immobilier en Corse était plutôt florissant même si certaines zones de tension peuvent apparaître.
Les investissements immobiliers étaient toujours soutenus et le volume de projet immobilier neuf toujours conséquent.
Toutefois, le besoin de relocalisation des urbains vers les périphéries n’a pas touché la Corse comme cela à pu être le cas, pendant le confinement, pour certaines régions françaises. Il n’y a pas eu de flambée spéculative pour acheter un appartement à Ajaccio, mais cela n’a pas empêché le marché immobilier de continuer une activité jugée positive ou neutre selon les professionnels du domaine.
Le domaine de l’immobilier à sans doute aussi bénéficier de la valeur placement de la pierre, même en tant de crise. Réputé comme un placement sûr et sans risque, il a profité aux promoteurs locaux, aidés par la prolongation des aides et subventions de l’État.
Les biens de consommation
Lors du premier confinement, les économistes ont remarqué un phénomène de repli général des français, avec un recours à l’épargne massif. Entre les économies réalisées par l’absence de consommation possible, et la crainte d’un lendemain incertain, les corses ont aussi épargné et mis de côté.
Comme sur le continent, l’effet rebond a été très intéressant dans certains domaines particuliers. À la sortie de la première période de contrainte, un réflexe de “re-consommation” est apparu avec un retour vers des fondamentaux.
Parmi les secteurs qui ont profité de ce rebond, on peut citer par exemple les concessions automobiles. Les insulaires ont opté pour le changement de véhicule au second semestre 2020. En plus des ventes de voitures neuves, la vente de voitures d’occasion en Corse a connu un vrai rattrapage, poussée par des offres intéressantes et des déstockages de voitures quasi neuves ( retour de véhicule de société, voiture de location ayant moins roulé etc..)
Les entreprises de services très impactées
Le tissu économique de la Corse est essentiellement constitué de PME et TPE.
Ces entreprises connaissent des situations bien différentes, face aux immenses difficultés rencontrées. Même si le nombre de dépôt de bilan n’est pas encore important sous l’effet des aides de l’État ( PGE, chômage partiel, report de charge) beaucoup de petites structures font face à un avenir très incertain.
L’absence de recettes a plombé les trésorerie et rien ne dit que les mois à venir permettront aux petits commerçants de renflouer les caisses vides.
Même si la majorité de ces entreprises tentent de se réinventer avec des prestations en livraison, en click and collect voir même la création de nouveaux services, toutes ne peuvent pas s’adapter aux contraintes.
Parmi les acteurs économiques fortement impactés, on retrouve aussi les producteurs et artisans ne pouvant stopper leur production même face à l’absence de vente.
Il s’agit ici par exemple des agriculteurs et vignerons, qui ont dû réaliser vendange et vinification mais sans avoir la moindre certitude sur la vente du cru 2020, en l’absence des acheteurs principaux, à savoir les restaurateurs.
De même les apiculteurs, les producteurs de charcuterie ou encore les nombreux brasseurs artisanaux, tous ont continué à produire ( la nature ne se met pas en pose Covid) même sans débouché réel. Pour cela il a fallu conserver du personnel, faire des dépenses de fonctionnement et être en capacité de stocker les matières produites, qu’il va falloir écouler maintenant avant la prochaine production.
Un plan de relance spécifique à l’économie corse ?
La Corse, comme tout le territoire national, bénéficie du plan national de relance. Sur les 100 milliards d’euros annoncés par l’État, l’île de beauté devrait pouvoir bénéficier d’une forte assistance en plus du 1 milliard 500 millions d’euros déjà perçu depuis le début de cette crise sanitaire mondiale.
Les élus corses réclament quant à eux une prise en considération des spécificités de l’île et de son économie, avec la mise en place d’un plan de relance adapté. Ils ont présenté en décembre un plan nommé “ Salvezza è Rilanciu” pour demander de nouveaux crédits, à hauteur de 400 millions d’euros, et orienter ces aides financières vers des secteurs particuliers.
Une saison touristique pour se sauver…ou couler
La prochaine saison touristique s’annonce donc particulièrement importante.
Jamais les acteurs économiques de l’île n’avaient, dans leur ensemble, autant craint une crise touristique qui aurait des répercussions fatales sur la totalité des entreprises locales.
Bien difficile de savoir si les touristes français seront au rendez-vous cette année, même si la Corse a forcément une carte à jouer pour l’année 2021.
Destination touristique particulièrement appréciée et possédant une image rassurante au niveau sanitaire, il faut espérer que les français montreront une vraie envie d’évasion sur l’île, aidés par la généralisation des vaccins, mais aussi par une stratégie touristique affirmée.
Signe encourageant en ce sens, les annonces de certaines compagnies aériennes pour la mise en place de nouvelles lignes vers les aéroports corses dès le printemps, afin d’améliorer encore le maillage entre toutes les villes françaises et la destination finale.
En l’absence de touristes internationaux, il faudra compter sur cette aide pour réaliser la saison espérée et ainsi permettre à l’ensemble de l’économie de redémarrer et consommer pour irriguer toute la population et sauver les trésoreries mal en point.
Si malheureusement cela ne pouvait être le cas, la crise tant redoutée serait alors inévitable dès l’automne 2021.
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